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Uberisation, GAFA, Startups, voilà des mots qui font peur ou envier de nombreux grands groupes. Ces derniers voudraient se différencier pour devenir plus compétitifs et contenter leurs actionnaires.
Ils ont l’argent, les Hommes, les savoir-faire, pourtant, ils sont encore très loin de ce “Graal” dont tout le monde parle : l’innovation.
Faute de trouver l’innovation en interne, la tendance de ces dernières années est d’aller chercher l’innovation à l’extérieur : l’Open Innovation. Cette stratégie est très intéressante et a fait ses preuves. Les grandes entreprises peuvent ainsi s’appuyer sur des structures plus petites, plus agiles et plus créatives pour intégrer des solutions innovantes. Toutefois, cela pose tout de même un bon nombre de questions : si nous allons chercher la créativité à l’extérieur, que faisons-nous des créatifs qui sont à l’intérieur ? N’ont-ils plus leurs places ? Après tout, sont-ils si rares que ça ? A quoi vont ressembler les grands groupes de demain si la plupart des créatifs de l’entreprise ont disparu ?
Si nous allons chercher la créativité à l’extérieur, que faisons-nous des créatifs qui sont à l’intérieur ?
Nous voulons apporter ici un éclairage à partir de la neuroscience sur la situation actuelle de bon nombre de grands groupes.
Les quatre modes de pensée en entreprise
La neuroscience a identifié quatre grandes dimensions de la pensée humaine : Nouveauté, Réalité, Affect et Cognition. La Nouveauté s’oppose à la Réalité : d’un côté c’est la recherche du changement et des idées nouvelles qui prédomine, et de l’autre c’est le pragmatisme et le concret.
La Cognition et l’Affect s’opposent également, pour l’un les décisions sont très rationnelles et calculées, pour l’autre, les choix se font en priorité selon les ressentis et la sensibilité.
Ces quatre dimensions représentent les quatre piliers fondamentaux de la réussite d’une entreprise pour respectivement donner le cap, motiver, planifier et exécuter. En effet, nous retrouvons à travers ces dimensions, les quatre métiers essentiels en entreprise : la stratégie, la créativité, l’opérationnel et la gestion :
Peut-être vous est-il déjà arrivé de postuler à un job qui vous demande d’être très bon dans ces quatre dimensions ? D’être très productif, efficace et cartésien, d’être aussi très créatif car il va vous falloir trouver des solutions rapidement et finalement d’avoir, puisque vous êtes peut-être manager, une forte aptitude à motiver et entrainer les équipes ?
Ce type de profil est un “mouton à cinq pattes” qui témoigne d’une certaine méconnaissance des mécanismes de la pensée humaine à l’origine du gaspillage humain que nous rencontrons aujourd’hui dans bon nombre d’entreprises.
Une certaine méconnaissance des mécanismes de la pensée humaine à l’origine du gaspillage humain que nous rencontrons aujourd’hui dans bon nombre d’entreprises
En effet, la neuroscience a montré que chaque personne a un seul talent dominant où elle va réellement exceller. Attention, les autres talents sont bien entendu accessibles mais ils demanderont plus d’efforts et susciteront bien moins d’enthousiasme et d’envie. A titre d’exemple, un excellent comptable (profil gestion) ne sera jamais un excellent innovateur. Mais si ce comptable est dans le fond un grand innovateur alors la comptabilité n’est qu’un passage dans sa carrière (du moins, on le lui souhaite…).
On comprend alors aisément que dans nos entreprises, certains sont de fin stratèges, d’autres des créateurs de génie, d’autres encore des opérationnels qui savent motiver les équipes et enfin d’autres d’excellents gestionnaires. Il faut savoir les identifier…
Quels sont les modes de pensées dans les grands groupes français ?
Nous sommes allés à la recherche de ces différents profils dans plusieurs grandes entreprises pour déterminer pourquoi elles ont du mal à innover. Ainsi, plus de 1 000 cadres dirigeants, cadres supérieurs et cadres ont passé le mypandoratest® (test de diagnostic des mécanismes de la pensée et de leurs interactions basé sur la neuroscience) pour révéler quels sont les types de talents dans ces entreprises.
Nous avons ainsi identifié dans cette population 23 % de créatifs et 17 % de stratèges. Ce sont des profils qui sont tournés vers le futur, que l’on peut qualifier de visionnaires ou de novateurs. C’est une excellente nouvelle puisque 40 % de l’entreprise est prête à favoriser l’innovation !
40 % de l’entreprise est prête à favoriser l’innovation
De l’autre côté, cela signifie aussi que 60 % de l’effectif est davantage tourné vers le court terme et la recherche de résultat. Ils recherchent de préférence une préservation et une amélioration des acquis. On compte ainsi 18 % d’opérationnels et 42 % de gestionnaires.
La recherche de résultats court terme est donc finalement un mode de pensée dominant. Il est à l’origine d’une bonne partie des critiques que l’on formule fréquemment sur les grands groupes : fonctionnement en silos, personne ne se parle, procédures à n’en plus finir, hiérarchie verticale pour contrôler l’information etc. Tout ceci est très avantageux pour un fonctionnement efficace mais ce système laisse en réalité très peu de place à la liberté de créer et à une vision de long terme.
La recherche de résultats court terme est donc finalement un mode de pensée dominant
Finalement, nous constatons que seulement 10 % des personnes en entreprise ont le courage de proposer et de porter leurs idées. Ce qui signifie qu’un potentiel de 30 % de novateurs ou de stratèges n’est tout simplement pas exploité. Et ce n’est pas la boite à idée qui va changer la donne, jusqu’à preuve du contraire…
Un potentiel de 30 % de novateurs ou de stratèges n’est tout simplement pas exploité
Ces créateurs et ces visionnaires trouvent aujourd’hui leur bonheur dans d’autres entreprises plus souples qui leur permettent de mieux exprimer leurs talents. On peut citer des géants comme Google qui reçoit deux millions de candidatures spontanées par an, ou tout simplement les startups pour les plus aventuriers d’entre eux.
Les solutions contre ce gâchis humain
Il est peut être souhaitable d’arrêter de chercher l’innovation hors de l’entreprise. Au lieu d’investir des millions d’euros dans cette fameuse “open innovation” très à la mode, investissez pour trouver les créatifs qui sont chez vous. Investissez pour rééquilibrer les modes de fonctionnement de vos équipes, pour comprendre et prendre en considération les désirs et les talents de chacun. Et finalement, investissez sur le développement personnel de vos collaborateurs. Augmentez leur bien-être et ils vous le rendront au centuple : meilleure collaboration en équipe, plus d’efficacité, plus de créativité, plus de joie chez vous et pour vos clients !
Investissez pour rééquilibrer les modes de fonctionnement de vos équipes
Une infographie pour la route :
